En primant la Peur, petit chasseur, le jury du Festival du court métrage de Pantin (du 11 au 20 juin) a vu juste : le film de Laurent Achard, déjà présenté à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes, est un vrai bijou, elliptique et sombre. Le plan séquence qui compose ces neuf minutes est suffisamment inquiétant pour bouleverser tout spectateur bouffi par des heures interminables de courts métrages expérimentaux ou de fiction. La caméra enrobe un jardin où trônent un étendoir, une niche pour chien, le chien et une bâtisse aux murs vieillis. Elle retient son attention sur un enfant blotti dans un coin, les bras autour de ses jambes repliées, qui rejoint sa mère et l'aide à étendre le linge. Des bruits viennent de la maison, la femme y retourne, une dispute éclate. Le roulement d'un train lancé à vive allure emplit progressivement l'espace sonore.
Sans dialogue. Dans la Peur, petit chasseur, le son occupe l'écran quand les personnages semblent vouloir le fuir. Il matérialise le drame que les murs en béton dissimulent. Il figure le chaos quand n'apparaissent que l'inaction et l'ennui d'un jardin de campagne. Sans dialogue, Laurent Achard dit bien plus de la souffrance que n'importe quel traité. C'est d'ailleurs ce qu'on pourra reprocher à cette treizième édition de Côté court à Pantin : faire la part belle à des réalisations souvent douées mais bavardes, ou présenter des films traitant de la douleur de vivre, de la maladie, du désespoir sans se départir d'une gravité parfois com