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Libération
Critique

Détectives à la dérive

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Le Coréen Bong Joon-ho livre l'efficace «Memories of murder», thriller chargé d'humour noir tiré d'un fait réel.
publié le 23 juin 2004 à 1h10

Dans les années 1980, des crimes en série ensanglantent la campagne coréenne. Certains jours de pluie, des femmes portant du rouge sont assassinées. Trois policiers enquêtent. Sur un tel thème, on pouvait craindre le pire, le genre Seven, terreur toc et effets massues, mais ce n'est pas ce type de partition que Bong Joon-ho, cinéaste de 35 ans, a voulu jouer pour son second long métrage, après une comédie, Barking Dogs Never Bite (2000). Il a pris cette histoire avec une rigueur teintée d'humour, a essayé de la dénouer comme n'importe quel polar et l'a plongée dans une description minutieuse de la société provinciale à l'époque de la dictature. Il n'a pas oublié, non plus, de nous adresser un avertissement : cette affaire d'assassinats, tirée d'un fait divers réel, n'a jamais été résolue.

Le metteur en scène (également coscénariste) semble avoir voulu comprendre pourquoi. Il a d'abord repéré les méthodes de la police locale. La collecte des indices est bâclée, et les flics appliquent une formule expéditive : on concasse les suspects à coups de poing et de pied et on recueille les aveux. A ce jeu, un sergent excité, karatéka amateur, s'est fait une certaine réputation, et Bong Joon-ho tord alors son thriller vers la comédie noire.

Il faudra qu'un jeune inspecteur débarque de Séoul pour que les argousins indigènes remettent en cause leurs us et coutumes. Que leurs enquêtes deviennent plus rationnelles. Ce sera une révélation pour l'autre personnage principal, un détective local