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Libération

Syndrome russe

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publié le 23 juin 2004 à 1h10

A Moscou,

On ne pourra pas dire que le cinéma russe n'aborde pas le problème de la guerre en Tchétchénie. Valeri Todorovski, réalisateur établi en Russie où il est responsable des séries de la chaîne publique Rossia, a même choisi pour son nouveau film, Mon demi-frère Frankenstein, de montrer le «syndrome tchétchène» : comment l'arrière, c'est-à-dire Moscou en voie d'embourgeoisement accéléré, perçoit cette guerre et son cortège de cadavres ou d'invalides.

Dans Mon demi-frère Frankenstein, la guerre surgit sous la forme d'un fils oublié, qui a perdu un oeil et la raison au combat dans le Caucase, et se souvient qu'il a un père à Moscou qui pourrait lui payer un nouvel oeil. Le père tente d'ignorer ce bâtard mais il s'impose et introduit dans cette famille moscovite les rondes nocturnes pour traquer l'ennemi. Au final, le film confirme que la famille aurait mieux fait de ne pas s'en occuper : le rejeton se révèle irrécupérable, malgré tous les efforts des Moscovites et de la police russe, montrée de façon invraisemblable : efficace et humaine. Leonid Iarmolnik, qui joue le père et a produit le film, assume ce regard un rien complaisant : «Nous n'avons pas peur de dire des choses désagréables pour l'Etat ou le Président, mais il est plus facile de parler que d'agir. Moi-même, si j'étais Président, je ne saurais que faire en Tchétchénie.» Lors de la première à Moscou, le film a été chaleureusement applaudi, surtout un policier qui explique comment faire avec les Caucasiens : «Il