Présenté au Festival de Cannes en 2003, dans la sélection Un certain regard, Arimpara est le troisième long métrage de Murali Nair, après le Trône de la mort et Un jour de chien. Ce cinéaste, né au Kerala, a suivi des études de géologie avant de tourner des films en forme de fables politiquement engagées. Féru de marxisme, Nair analyse les rouages de la société traditionnelle indienne et verse sur le système son vinaigre sarcastique. Ici, il s'inspire d'un conte fantastique de l'écrivain O.V. Vijyayan qui raconte la métamorphose d'un propriétaire agricole, Krishnanunni, descendant d'une lignée prospère de maîtres satisfaits et cruels. Il se réveille un matin avec, sur le menton, une verrue qui ne cesse de grossir et devient finalement une pendouillante et repoussante excroissance grisâtre.
Cet accès d'éléphantiasis est bientôt lié à ce que le personnage nomme lui-même la «violence suicidaire» de ses ancêtres. Un des objets fétiches de Krishnanunni est un coupe-chou qui s'est transmis d'une génération à l'autre, instrument viril pour se raser le visage, mais aussi les poils du pubis avant les rapports sexuels. Ce même instrument, décidément très utile, servait aussi, si l'on en croit l'un des serviteurs du coin, à terroriser les employés récalcitrants.
C'est avec ce rasoir que le malade épouvanté tente de trancher le hideux tubercule. En vain, il repousse de plus belle. La métaphore est simple. Le gros propriétaire exploite de pauvres gens, au nom de la tradition, il refuse de