Coming Apart, qui sort à Paris quarante ans après sa conception, grâce à Ronnie Shamah (qui avait sorti Wanda l’année dernière) et le producteur-distributeur Paulo Branco, fait partie de l’histoire cachée du cinéma. Avec le film de Milton Moses Ginsberg, le choc est d’autant plus grand que sa qualité technique, sa beauté formelle, contrastent énormément avec l’esthétique alors en cours (1969) dans le cinéma expérimental new-yorkais, sans parler de la production mainstream hollywoodienne.
«La nudité, c’était dans l’air»
Malgré les signes extérieurs, Coming Apart n'a rien d'un film expérimental, ni marginal. Juste un film très nouveau par le ton. Joe, psychiatre établi et marié, loue un appartement pour mener une double vie, recevoir d'anciennes patientes séduites, ou simplement le tout-venant de la rue en bas qui sonne à sa porte. Joe filme ses conversations et ébats sexuels comme un analyste peut enregistrer une session sur canapé, mais même s'il a le doigt sur la commande qui active et arrête la caméra, il finit par perdre le contrôle de son jeu, qui n'est en somme que le reflet de sa propre détérioration. Jim McBride avait bien fait David Holzman's Diaries un an avant (un garçon se filme, avec amorces visibles, etc.), Cassavetes poursuivait bien ses dénuements d'âmes à force d'écriture drôle et sauvage (mais ici les dialogues de Ginsberg sont plus drôles, et encore plus coupants), Warhol avait bien amené ses corps blêmes et sa caméra fixe, Ginsberg était néanmoins dan