Sept Samouraïs oblige, Akira Kurosawa reste considéré comme le maître du film en costumes épique (1). La reprise en copies neuves des Salauds dorment en paix et d'Entre le ciel et l'enfer rappelle que le cinéaste japonais fut aussi un grand réalisateur de films noirs. Capable d'acclimater avec brio ce genre hollywoodien, son noir et blanc expressionniste, son ambiguïté morale et sa dimension sociale, dans le Japon de l'après-Hiroshima, avec des scénarios marqués par ses auteurs européens de prédilection.
Intrigue touffue. Disponible en DVD depuis un an (2), Les salauds dorment en paix restait inédit en salles en France. Raison de plus pour se précipiter sur ce film d'une richesse rare, le premier produit de manière indépendante par Kurosawa. La corruption au sein des administrations et des entreprises japonaises est au coeur de ce polar digne d'une tragédie. Hamlet est d'ailleurs le fil invisible d'une intrigue touffue, où un jeune cadre (le charismatique Toshiro Mifune) infiltre un office public pour confondre les responsables de la mort de son père, officiellement «suicidé». Comme le prince d'Elseneur, Nishi tombe amoureux de la fille de son ennemi et se retrouve pris dans un cruel dilemme : faut-il être ou ne pas être cruel, peut-on «haïr le mal sans pour autant se laisser posséder par lui» ?
Au-delà des références shakespeariennes, c'est le film tout entier qui affirme sa théâtralité. Dans la séquence inaugurale du mariage, des personnalités s'affichent en représentation m