Correspondance à Berlin,
Fatih Akin, réalisateur de 31 ans originaire de Hambourg, est du genre rentre dedans. Qu'on ne vienne pas lui demander si Head-on est un film d'immigré, il serait capable de mordre. Comme son nom l'indique, Fatih (prononcer Fatiche) est un enfant d'immigrés turcs, débarqués dans les années 60 en Allemagne. Et alors ? Et alors, les critiques allemands avaient déjà du mal à classer l'individu avant Head-on.
Mais depuis que son quatrième long-métrage a obtenu, à la surprise générale, l'ours d'or au dernier Festival de Berlin, en février, il a bien fallu se rendre à l'évidence : lui et sa bande de copains germano-turcs font désormais partie du cinéma allemand : sacré meilleur film de l'année lors de la remise des lolas (l'équivalent des césars) le 18 juin, Head-on a raflé quatre autres prix.
L'histoire raconte la romance tragi-comique de deux Allemands d'origine turque. Après une tentative de suicide, la jeune Sibel, qui ne veut pas se marier sous la contrainte, tombe sur Cahit, un alcoolique paumé et parvient à le convaincre de contracter un mariage blanc afin d'échapper à l'emprise familiale. Dans un premier temps, la cohabitation reste pacifique. Jusqu'à ce que Cahit tombe véritablement amoureux de sa colocataire et tue, par jalousie, l'un de ses amants.
«Une histoire vraie». S'inscrivant dans un cinéma «néoréaliste», Fatih Akin ne lésine pas sur l'hémoglobine. «Taxi Driver aussi c'est violent, s'exclame le réalisateur. J'ai pris le sang comme symbole de