A 30 ans, Celina Murga va commencer une résidence à Paris, pour quelques mois, à la Cinéfondation du festival de Cannes. Cette native de Paranà, en Argentine (comme son personnage Ana), emboîte ainsi le pas de quelques compatriotes, Lucrecia Martel, Diego Lerman, qui composent avec elle (et Pablo Trapero, Martin Rejtman, Adriano Caetano), le socle de la nouvelle vague argentine.
Ana, ce n'est pas elle. «Ana et les autres n'est pas un film autobiographique, même si je suis de Paranà. Il répond simplement à mon envie de parler de ce lieu et de ces gens. Centré sur le personnage d'Ana, n'abandonnant pas une seconde son point de vue, il m'échappe. Car Ana, ce n'est pas moi, plutôt une synthèse où il y aurait certes un peu de moi, beaucoup de l'actrice Camila Toker, et puis des idées venues de films, de lectures, puis des hasards et des rencontres de tournage. Je crois beaucoup à l'idée qu'un film trouve sa vérité en avançant, en se tournant, même si je me méfie de l'improvisation.»
La rue, alter ego. «Mon film ne juge jamais les personnages, qu'ils soient partis ou restés dans leur ville, qu'ils aient réussi ou raté leur vie. Je préfère les montrer comme Ana les voit, à travers ses propres doutes et ses désirs. A un moment, j'ai décidé de la jeter à la rue, de façon qu'elle multiplie les rencontres. C'est ainsi que la ville est devenue un personnage, le véritable alter ego d'Ana. J'ai moi-même réalisé de nombreuses interviews à Paranà, comme une sorte de forum, lors duquel je me s