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Libération
Critique

La bande d'Ana

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publié le 28 juillet 2004 à 1h35

Dans la famille du cinéma argentin retrouvé, voici la petite dernière, et pas la moins talentueuse, Celina Murga. Depuis plus d'un an, son premier film, Ana et les autres, tourne dans les festivals internationaux, empochant trophées et récompenses.

L'histoire est toute simple : le retour chez elle, dans sa ville natale de Paranà, d'une jeune femme de 20 ans, Ana, partie étudier à Buenos Aires. Elle revoit des copines, quelques boy-friends, et cherche un ancien amoureux, Mariano. Elle est surtout aux aguets : son regard capte tout, sur la plage, dans les rues, lors des soirées, et ses oreilles enregistrent des conversations quotidiennes, souvent drôles et percutantes. Sa fonction est absolument cinématographique : l'oeil et l'ouïe qui transforment la vie d'une petite ville argentine en un film attentif et souverain.

Mosaïque. Ana prend son temps : elle va tranquillement à la rencontre des autres, leur laissant le loisir de s'installer dans le film, ou au contraire de le quitter illico. C'est une manière de cinéma démocratique, où tous ont la chance d'intéresser et de séduire Ana ; mais aussi une forme de mosaïque, où l'histoire et le regard passent d'une rencontre à l'autre, avec un total sentiment de liberté.

Camila Toker, qui joue Ana, est convaincante en petit animal furtif, l'oeil sans cesse en mouvement, toujours à l'écoute, généreuse dans la rencontre, avec l'air mutin de celle qui semble à chaque reprise au bord d'être séduite, mais qui ne sombre ni dans la facilité, ni d