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Libération

Coalition anglaise anti-Moore

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publié le 4 août 2004 à 1h40

A Londres,

Dès le 22 mai, à la proclamation du palmarès du Festival de Cannes, une véritable union sacrée s'est mise en marche en Angleterre contre le pamphlet de Michael Moore. Depuis, pas un jour ne passe sans que commentateurs, critiques, politiciens, écrivains émettent, à une majorité écrasante, un avis (très) défavorable sur la palme d'or 2004. Au premier rang, logiquement, les tabloïds du groupe Murdoch, suppôts des politiques de Bush et de Blair. Ainsi le Daily Mail : «Nous savions que Moore, véritable escroc intellectuel, n'avait aucun scrupule. Nous ne nous attendions cependant pas à ce que son film soit aussi paresseux, ennuyeux, incohérent et ridicule. La propagande nazie, par comparaison, apparaît bien gentille.» Plus étonnant, les réactions de personnalités de gauche comme l'écrivain Will Self, qui, dans The Evening Standard, écrit : «Que cette compilation de clips tendancieux et manipulateurs ait remporté la palme d'or témoigne de l'état lamentable dans lequel se trouve l'industrie cinématographique.» Encore plus violent, le journaliste de gauche Mark Kermode, dans l'Observer : «Moore est un maître chanteur émotionnel. Le caricaturiste devient vite un bouffon irritant et expectorant.» La critique britannique dans son ensemble s'est donc ralliée à la raison d'Etat, jusqu'à l'absurde. A moins que le noeud de l'affaire soit ailleurs. Un même argument revient en effet constamment : «Comment Moore ose-t-il oublier la Grande-Bretagne dans la liste des pays de la coali