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Libération

Caméras libres

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publié le 11 août 2004 à 1h44

Locarno, envoyé spécial.

Que peut une heure et demie d'une formule usée jusqu'à la corde devant une bouffée d'oxygène de vingt-cinq minutes ? Rien, et c'est la première nouvelle, ni bonne ni mauvaise, que l'on ramènera de Locarno. Cette 57e édition du quatrième grand festival de cinéma (après Cannes, Venise et Berlin) devrait rester pour cela : la fracture entre, d'un côté, un cinéma moyen fabriqué selon le ronron de la production, parlant un espéranto insipide, montrant une image ripolinée, où rien ne doit déranger un humanisme de bon aloi ; et, de l'autre bord, quelques objets faisant de la caméra un usage subjectif et hors norme, cette fracture est désormais grande ouverte.

Enigme. Il ne faudrait pas pour autant enterrer trop vite le «vieux» cinéma. Car il y a en compétition à Locarno un film qui fait exception : André Valente, de la jeune cinéaste portugaise Catarina Ruivo, nouvelle personnalité émergente. André Valente n'est encore qu'une première oeuvre, mais le film fait montre d'une assurance racée. André Valente a 8 ans, il vit seul avec sa mère depuis que son père s'est tiré, et jette son désir de figure paternelle sur un voisin russe. Montant les scènes selon un art très sec, la cinéaste repousse le larmoyant. Chaque séquence est brute et donne l'impression que le film pourrait très bien finir sans nous. Sa puissance est toute dans l'hostilité, dans l'énigme : rien ne correspond aux canons habituels de la scénarisation.

C'est tout pour le cinéma dit «officiel». Le re