Menu
Libération
Série

«Les Quatre cents coups», le premier coup d’Antoine Doinel

Article réservé aux abonnés
Tourné avec des bouts de ficelle, le film de Truffaut avec le tout jeune Jean-Pierre Léaud lance la Nouvelle Vague. Retour sur sa genèse et son tournage.
Jean-Pierre Léaud dans «les Quatre cents coups», en 1959. (FILMS DU CARROSSE/Collection ChristopheL via AFP)
publié le 16 août 2004 à 1h47

Le 10 novembre 1958, tenaillé par l’angoisse, fumant gitane sur gitane, François Truffaut, 26 ans, donne le clap initial de son premier film, les Quatre cents coups. La scène se passe dans un petit appartement de la rue Marcadet, sur la butte Montmartre, un trois-pièces si réduit qu’il peut à peine accueillir l’équipe du film, techniciens et acteurs, une vingtaine de personnes. L’immeuble est vétuste et des sautes de tension interrompent à plusieurs reprises le tournage. Un garçon de 14 ans occupe le centre des attentions : «Antoine Loinod», précise le scénario du film.

Gaffes et larcins. Cet appartement où vit une famille avec un adolescent, c’est celui de François Truffaut, et ce garçon de 14 ans, c’est lui-même, une douzaine d’années auparavant ; la scène se déroulait au 33, rue de Navarin, à côté de la rue des Martyrs (IXe arrondissement de Paris), 1er étage gauche, une pièce faisant office de salle à manger, une autre pour la chambre des parents, Janine et Roland Truffaut, la cuisine servait de salle de bains, les toilettes étaient dans l’escalier, et le lit du fils se relevait comme une banquette dans l’entrée. «C’était un peu comme un refuge en montagne, mon père en rigolait souvent. Pour moi, c’était mon lit toutes les nuits et c’était moins drôle.» Ce système, certes ingénieux, Truffaut le décrit surtout comme un moyen de lui faire comprendre qu’il est de trop.

François Truffaut ne fut pas un enfant très aimé, pas aimé du tout,