Locarno envoyé spécial
La grande affaire de la dernière moitié du 57e Festival de Locarno fut, sans conteste, l'arrivée tardive de ce cinéma moderne qui avait tant manqué en début d'édition, via la présence, soudain, des films de Vincent Dieutre, Arnold Pasquier, Christophe Atabekian, Jean-Claude Rousseau, Benjamin Esdraffo, Sandrine Rinaldi et, avant tout, Eugène Green.
Ces nouvelles étaient-elles bonnes ? Vu la qualité des films, oui. Sur ce que ces nouvelles révèlent de l'espace (économique, public) dévolu aujourd'hui à tout cinéma différent, c'est déjà plus compliqué. Si ces films étaient des lettres, leur écriture apparaîtrait de plus en plus inquiète, le papier manquerait partout de se déchirer. Pas inintéressant d'observer alors comment chacun s'y prend pour exister.
Beauté du monde. Benjamin Esdraffo (le Cou de Clarisse) rêve d'un Paris au mois d'août ouvert à la rencontre, où on jouerait à Becker (le cinéaste, pas le tennisman). Arnold «Sentimental» Pasquier (Belvédère) ne veut plus regarder le monde qu'au travers de ce qui lui fait du bien : les ports italiens, les flirts et les chansons d'amour de Lucio Battisti. Vincent Dieutre, dans les Accords d'Alba, se trouve en menant une conversation magnifique avec sa petite soeur cinéaste, la Japonaise Naomi Kawase. Avec Polyeucte, Christophe Atabekian mixe Straub et Jean-Christophe Averty, au risque de perdre le texte de Corneille. Avec Faibles amusements, Jean-Claude Rousseau porte à sa limite le rapport isolé qu'il entret