Un jour d'avril 1979, François Truffaut fait irruption dans le bureau de Suzanne Schiffman, sa collaboratrice. «Voilà, j'ai un dossier sur le théâtre, un sur l'Occupation, on fait un film avec les deux», lui confiant immédiatement les deux boîtes en carton contenant coupures de presse, notes et impressions, plus quelques extraits de livres annotés. Truffaut, qui a vécu son adolescence dans Paris occupé, souhaite depuis les années 60 faire un film sur cette période, écartant toute vision misérabiliste ou héroïque, travaillant essentiellement sur des souvenirs personnels. Quant au milieu du théâtre, c'est une atmosphère qui le fascine. S'il n'est pas un grand spectateur de théâtre, il aime les loges et les coulisses, les répétitions et l'univers de la scène. Il a lu avec intérêt et profit des mémoires d'acteurs et des témoignages, Histoires de ma vie de Jean Marais, notamment l'épisode où le comédien corrige Alain Laubreaux, critique théâtral de l'hebdomadaire antisémite Je suis partout, qui a insulté Cocteau en 1941, ou les Souvenirs d'Alice Cocéa, qui dirigea les Mathurins durant l'Occupation, et ceux de Simone Berriau, directrice du théâtre Antoine. Après la Nuit américaine, sur le milieu du cinéma, le Dernier Métro est l'occasion d'explorer celui du théâtre.
Budget important. Durant l'été 1979, Truffaut et Schiffman s'isolent dans une maison près de Vaison-la-Romaine, en Provence, pour travailler au scénario et mettre au point l'histoire du théâtre Montmart