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Libération
Critique

Attal en crise d'ego

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publié le 25 août 2004 à 1h53

Pour sa rentrée 2004, le cinéma français nous a improvisé un rayon primeurs qui ressemble à l'époque : foutraque. Dans la masse des sorties, on ne distingue clairement que deux poids lourds relatifs : le film de François Ozon (5X2, mercredi prochain) et celui d'Yvan Attal, Ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants. Précisons : ce sont des poids lourds en termes de promo, de nombre de salles et d'espoirs investis dans leur box-office supposé. Mais au-delà, on est presque inquiets de constater que, en fait de «grosses productions», le cinéma français en plein régime bricolo ne propose que des recettes à la Sautet-Lelouch réactualisées.

Générationnel. Le cas Attal n'en est pas moins intéressant : doté d'un titre repoussant, pas joli-joli à l'image, techniquement toujours un peu au bord de la faute, Ils se marièrent, etc. est lesté d'un poids générationnel qui ne cesse d'intriguer. C'est sans doute l'aspect le plus émouvant du film : la façon confuse par laquelle il cherche à nous dire quelque chose sur la génération de préquadras qu'il représente. Attal a cela pour lui qu'il ne donne pas de leçon : il voudrait croquer toutes les vérités des mâles de l'époque. Lui manque la détermination de choisir entre elles.

Le premier rôle qu'il s'est donné résume cette contradiction : Vincent, concessionnaire Mercedes, n'arrive pas à choisir entre sa femme et sa maîtresse. Il aime l'une pour mieux sublimer l'autre. On a le sentiment que ce type croise enfin le premier gouffre existentiel