On l'appelait «Supermarrant», il portait bien la casquette, avait une allure folle, et savait trébucher comme pas deux. C'est une très belle idée d'exhumer quelques «deux-bobines» de Charley Chase, l'un des burlesques américains les plus doués, mais les plus oubliés, en puisant dans la quarantaine de films réalisés par le jeune Leo McCarey, entre 1924 et 1926 (lire ci-dessous). Devant certains gags, dirigés et exécutés au millimètre, par exemple le ballet des entrées et des sorties d'A visage découvert ou, dans le même film, la lutte de Charley avec lui-même, il n'y a aucun doute possible : c'est bien un trésor comique, et il est urgent d'aller se plonger dans cette fontaine de jouvence.
Non-sens. Charley Chase a déjà roulé sa bosse quand il perce à Hollywood, au milieu des années 20. Vedette de music-hall à la sortie de l'adolescence, compagnon de route de Chaplin chez Mack Sennett au cours des années 10 (il joue notamment dans Dough and Dynamite, un des meilleurs films du génie à la canne), il supervise ensuite la compagnie Pathé Amérique dirigée par Hal Roach au début des années 20, spécialisé dans les films courts et les sujets avec Harold Lloyd. Quand ce dernier, au faîte de la gloire, quitte la maison, Chase prend la place, et l'occupe avec ses qualités. Grand et mince, il peut jouer au séducteur ; pourvu du visage de M. Tout-le-monde, il peut jouer tous les rôles ; et il conserve quelques spécialités de sa carrière de caf'conc': bon dans les personnages saouls ou grisé