On saura mieux dans quatorze jours si les étranges festivaliers, ce public chaque année plus nombreux, plus éduqué, plus exigeant, daigneront accorder leur satisfecit à la 12e édition de ce qui s'impose comme le rendez-vous parisien de la rentrée cinéphage.
En revanche, ce qu'on sait déjà, c'est combien cet Etrange Festival 2004 devrait être celui du glissement des yeux vers l'oreille, avec un programme dévolu aux sonorités industrielles. La nouveauté de l'année résidera moins dans la découverte de grands obscurs du cinéma tordu (en reste-t-il, d'ailleurs ?) que dans une série de concerts (à la Fondation Cartier et à la Maroquinerie), présentés en parallèle. Là, de Thee Majesty (soit Genesis P. Orridge, l'ex-leader de Throbbing Gristle et de Psychic TV) à Charles Hayward (ex-batteur fou du neurasthénique This Heat), un bataillon de bruitistes viendra soutenir live un bel effort sonique.
On retrouve ce lien sonore dans les deux rétrospectives, celle consacrée, comme le veut la tradition, à un cinéaste japonais (Sogo Ishii), et celle célébrant les dix ans de la disparition de l'Anglais Derek Jarman. Deux cinéastes que rien ne rapproche, sauf cette musique indus à laquelle ils ont parfois prêté leurs images.
Foutraque. Aucun film d'Ishii n'est sorti en France, et on ne peut pas dire que le Japonais jouit d'une réputation internationale délirante. A voir sa filmo, le mec a tout du cas typique du besogneur, capable de signer aussi bien un polar psychologique d'une t