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Critique

Trip générationnel

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«Clean» retrace le destin des enfants du rock et de la came, jeunesse post-68 dont Olivier Assayas s'est fait le dépositaire.
(DR)
publié le 1er septembre 2004 à 1h57

Olivier Assayas lui-même est assez clean. Le jeune homme aura 50 ans l'année prochaine et ne porte ni ride ni trace des fléaux qui ont jalonné le paysage de sa génération. Son secret : la méthode brevetée Dorian Gray, si l'on veut bien admettre que le cinéma est le seul diable, probablement, avec lequel Assayas ait jamais signé, tout comme Wilde signait avec son chef-d'oeuvre, un passeport pour l'immortalité...

Assayas n'est pas immortel mais infiniment résistant. Aux deux sens du terme. Il convient que ce sont le virus des films, la drogue du cinéma ou l'alcoolisme dur des fictions qui l'ont protégé d'un désastre où se sont abîmés nombre des siens. Mais il a également pris conscience que cette cuirasse défensive devait passer à l'offensive. Exemple. «Je voudrais attirer l'attention sur ce qui devient un véritable enjeu politique pour les cinéastes. Le pire, aujourd'hui, ce sont les marques : on ne peut plus rien filmer tranquillement. Pour reproduire ne serait-ce que la situation où nous sommes à cette minute, on aurait besoin de deux avocats pour négocier avec toutes les marques qui nous entourent. Juste pour reproduire le réel de notre vie quotidienne. C'est intolérable. Je n'ai jamais demandé à ce qu'il y ait des logos partout dans ma vie. Je filme ce que je vois, le monde tel qu'il est.»

A bien des égards, Clean est le film d'un bilan général et d'une situation personnelle, celle du cinéaste. Dans la spirale dessinée par sa filmographie, c'est le premier film qui donne à