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Libération
Critique

«Adieu» renversant

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publié le 8 septembre 2004 à 2h02

A quand remonte la sensation d'avoir été cloué par quelque chose d'aussi impressionnant ? De quand date notre dernière rencontre avec un cinéma qui serait comme une matière vivante, en gestation ? Adieu est un film-ogre né de tout ce que des Pallières a pu engranger comme «contre-propositions» dans ses précédents opus. C'est une certitude.

Après, il faut dire «adieu». Adieu au naturalisme, au confort pépère des films qui disent trop fort dans quelle direction ils vont, roulant conquérants dans des chemins balisés depuis des lustres. A ceux-là, Adieu ne ressemble pas. Nul ne saurait affirmer s'il s'agit d'une fiction, d'un document, d'un essai filmé, d'une fable ou d'un portrait groupé, de l'oeuvre d'un grand solitaire ou d'un geyser collectif (au point que, placé devant la collaboration qui unit le cinéaste à son chef opérateur, le génial Julien Hirsch, ou à son musicien, l'Anglais Martin Wheeler (1), on serait tenté de rebaptiser le film A deux). Peut-être Adieu est-il moins le film d'un cinéaste qu'une sorte d'usine de film où le monde serait dévissé, démonté, remonté, essayé, refondu dans un maelström de sons, de voix et de plans.

Machine-camion. Rater la séquence d'ouverture du film, c'est manquer l'une des scènes les plus fantastiques de l'année. Une caméra y tourne jusqu'au vertige autour d'une chaîne de montage où des ouvriers assemblent les pièces d'un moteur de camion. En fond sonore, une boucle de guitare monte, occupant bientôt une place délirante. Au bout de quelqu