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Libération

Des Pallières, as du choeur

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Ses films sont des récits où le son et, surtout, la voix importent autant que l'image.
publié le 8 septembre 2004 à 2h02

Il y a certes pas mal d'artifice à isoler la matière «documentaire» dans le travail d'Arnaud des Pallières, les huit heures de films qu'il a tournées en dix-sept ans étant ni plus ni moins que du cinéma. Elles en ont la puissance de feu, en portent l'empreinte indélébile. Les sujets peuvent être extrêmement différents, les durées varier du quart d'heure à plus du double cadran, des acteurs intervenir ou non, les commanditaires changer, à chaque reprise des Pallières impose son regard, qu'il passe par une fiction ou qu'il suive des personnages réels. Et ce qui lie ces films, notamment les trois «documentaires» programmés à l'Espace Saint-Michel, Drancy Avenir (1996), Is Dead (portrait incomplet de Gertrude Stein) en 1999, Disneyland mon vieux pays natal (2001), avec Adieu (2003), estampillé, selon le Centre national du cinéma, «premier long métrage de fiction», c'est une manière de voyage porté par un récit. Arnaud des Pallières s'impose d'ores et déjà comme le plus prenant des «raconteurs d'histoires» du cinéma français : quelques mots, lus, des images qui s'impriment sur eux, souvent décalées, et l'on est assailli par les sentiments : mélancolie, ironie, inquiétude, dessillation... Ces films imposent, en même temps, à contretemps, d'écouter et de regarder.

Ces récits sont «dits», voix douce, posée, calme, presque chuchotée, ou au contraire voix distordue, amplifiée, perturbée en tous les cas. C'est la voix d'agonie du vieil homme de Drancy Avenir, le dernier survivant de la