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Libération
Interview

Mes dates clés, par Walter Salles

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publié le 8 septembre 2004 à 2h02

"1956. Naissance à Rio de Janeiro, dans le quartier de Botafogo ­ celui de l'équipe de Garrincha et Jairzinho. Mon frère dit que c'est l'équipe de foot la plus démocratique, ayant perdu tous les championnats brésiliens pendant le régime militaire... Nous sommes aujourd'hui au bord de la deuxième division, mais j'en reste un fidèle supporter.

1974. Découverte de Mémoires du sous-développement, de Tomas Gutierrez Alea, et de Profession : reporter d'Antonioni. Ce sont ces deux films, puis Vidas Secas, de Nelson Pereira dos Santos, qui m'amènent au cinéma. La quête identitaire, l'errance et l'exil, la relation entre géographie physique et humaine, sont toujours des thèmes qui m'intéressent ­ pas seulement au cinéma.

1984. La télévision brésilienne s'ouvre à la production indépendante après la fin de la dictature militaire. Premiers documentaires avec des écrivains (Borges, Garcia Marquez) et des cinéastes (Akira Kurosawa). Après une conversation sur le néoréalisme et le cinéma italien, Federico Fellini me demande : «Ça te plaît, la télé ?» «Pas spécialement.» Il me donne un exemplaire de son Disegni di Fellini et le dédicace: «Meilleurs voeux pour un travail qui te donnera satisfaction ­ abandonne la télévision.» Pour cette série, nous suivons Vittorio Gassman à la veille de ses 70 ans. «Ça vous semble pas court, la vie ?», demande-t-il à cet étrange groupe de Brésiliens. Puis il ajoute : «La vie ne devrait pas être une mais deux. La première pour répéter, la deuxième pour jouer.»