Chaque année, le Festival de San Sebastian marque les esprits avec une rétrospective luxueuse. Dans un passé récent, ce furent Gregory LaCava, Mitchell Leisen, John Stahl, Naruse ou Wellman, en quasi-intégralité. En 2002, ce fut le tour de Michael Powell et l'année dernière de Preston Sturges. Voici cette année quarante films d'Anthony Mann mort le 29 avril 1967 à Berlin , dont les cinq westerns mythiques avec James Stewart.
Héros schizophrènes. De son vrai nom Emil Anton Bundmann, le cinéaste est né en 1906 à San Diego en Californie. Pendant la Première Guerre, sa famille déménage à New York. En 1923, so»n père meurt et le jeune homme s'intéresse au théâtre, jouant dans des petites troupes de Greenwich Village. En 1925, il tient un rôle dans le Dybbouk, une légende juive adaptée au théâtre par Salomon Anski, qui raconte comment, dans un village juif d'Europe de l'Est, un Dybbouk, un esprit malin, s'empare du corps d'un jeune homme. Cohabitent alors deux esprits dans un même personnage, l'un normal, l'autre maléfique, préfiguration des héros complexes du Mann de la maturité, ces aventuriers schizophrènes qu'incarnera James Stewart. En attendant, dans les années 30, Mann travaille à la Theater Guild, troupe créée dans l'atmosphère du New Deal. Il y est acteur, décorateur et metteur en scène.
David O. Selznick le remarque et l'engage à Hollywood comme dénicheur de talents. Il travaille sur Autant en emporte le vent et Rebecca de Hitchcock. En 1939, il quitte Selznick pour la