Neuf heures trente. La Mégane est arrêtée sur le bas-côté de la route quand le fourgon de police arrive. Deux flics examinent l'aile cabossée de la voiture, puis se penchent à la vitre du conducteur. Derrière le volant, José Garcia, le visage cireux, cherche un papier dans sa poche poitrine et bredouille une réponse qui clôt la prise dans la percée inopinée d'un rayon de soleil.
Calme silhouette poivre et sel, Costa-Gavras marche vers le petit groupe, repositionne les deux policiers. «Attention, décale-toi : les flics, ça ne se touche pas. Peut-être au commissariat, mais en public, jamais !» On recommence, on refait des réglages. L'oeil à la caméra, Patrick Blossier, le chef op, lutte stoïquement contre les sautes de lumière incessantes d'un ciel changeant. Tous anoraks dehors, la jeune équipe belge assure la logistique : malgré la proximité du mois de juillet, un froid hivernal règne sur cette avant-dernière semaine de tournage du Couperet. Le thriller social de Westlake est en train de devenir le seizième long métrage de l'auteur de Z et d'Amen., dont l'allure alerte ne trahit pas les 71 ans.
Nymphette sur canapé
On passe la matinée à liquider des plans d'extérieur sous un vent hostile descendu des Ardennes. Liège, à une vingtaine de kilomètres, demeure dans un lointain para-urbain. Hier, sous la même météo et dans un chemin creux, on a tourné une séquence censée se situer en Hollande. Le pavillon voisin, mis à disposition par le couple propriétaire, offrait un refuge contre