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Libération

Trois heures avec Hitler, l'horreur

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Très attendue, la superproduction «Der Untergang» sort demain en Allemagne.
publié le 15 septembre 2004 à 2h09

Berlin, de notre correspondante.

Ce devait être l'événement cinématographique de l'Allemagne d'après-guerre. Soixante ans après la chute du IIIe Reich, les Allemands s'estiment assez mûrs pour consacrer un grand film de cinéma à Hitler. Producteur du Nom de la rose, Bernd Eichinger l'a dit partout : il était «hanté à l'idée qu'un film hollywoodien [leur] montre à [eux], Allemands, comment cela s'était passé chez [eux]». Alors il a trouvé un réalisateur (Oliver Hirschbiegel) et réuni la somme de 13,6 millions d'euros pour produire son «Hitler made in Germany». Avec, en tête d'affiche, Bruno Ganz (Hitler), Ulrich Matthes (Joseph Goebbels) et Corinna Harfouch (Magda Goebbels).

Loin de faire l'unanimité, Der Untergang (littéralement : «l'effondrement»), qui sort sur les écrans allemands demain, raconte les douze dernières journées d'Adolf Hitler et de ses proches dans le bunker du Führer, situé sous la chancellerie du Reich à Berlin. Le tout vu à travers le regard de Traudl Junge, la secrétaire de Hitler, qui a livré, il y a trois ans, ses souvenirs dans un documentaire intitulé Im Toten Winkel («Dans l'angle mort»). Le succès qu'il a remporté a convaincu Eichinger de passer à la fiction. Erreur fatale. A cela s'est ajoutée la volonté de ne pas tomber dans la caricature. Chaplin lui-même a regretté sa version trop humaniste du Dictateur, tourné en 1940, avant qu'on ne puisse prendre la mesure de l'Holocauste.

«Tabou brisé». Au nom du réalisme, les Allemands ont donc voulu montrer H