Wim Wenders est de retour. Son nouveau film, Land of Plenty, est le plus intéressant depuis The End of Violence, son quasi-jumeau, tourné voilà huit ans. Deux films sur la paranoïa américaine, l'obsession sécuritaire, la volonté de traquer et d'éradiquer le Mal qui se serait infiltré au coeur de l'Amérique.
Le cinéma de Wenders, par sa nature même, hypersensible aux angoisses, fonctionnant comme un radar qui enregistre le moindre soubresaut du plan, est de facto paranoïaque. Son problème, c'est le positionnement et la distance : qu'il se tienne derrière l'épaule du parano et le voilà taxé de néoconservatisme ; qu'il demeure trop loin et le risque de surplomber son sujet ramènerait le cinéaste aux mauvaises heures d'il y a quinze ans, avec la série de films pompiers entamée par les Ailes du désir et conclue sur Si loin si proche.
Bonne distance. On peut défendre Land of Plenty comme étant précisément à la bonne distance : certaines répliques désarmantes et quelques plans maniérés mis à part, ce nouvel opus est sec, linéaire, vigoureux et laconique. Wenders a d'ailleurs retrouvé un héros, et Paul (John Diehl) est son personnage le plus fort depuis le Travis (Harry Dean Stanton) de Paris, Texas dont il reprend pas mal d'expressions.
The End of Violence était consécutif aux grandes émeutes raciales de Los Angeles, Land of Plenty est, lui, un film post-11 septembre. Comment vivre dans un pays où le drapeau, le Stars and Stripes, est omniprésent, où le moindre musulman peut déclenche