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Libération
Critique

«Old Boy», trash et léché

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publié le 29 septembre 2004 à 2h20

L'abus de soju, un alcool de riz coréen aussi fort que douceâtre, ne pardonne pas. Ivre mort, un père de famille est kidnappé, puis séquestré pendant quinze ans dans une cellule, avec la seule télévision comme compagne. Relâché sans plus de raison, il cherche à savoir qui est responsable de son malheur et, surtout, pourquoi. Ivre de vengeance, Oh Dae-soo est enfin libre. Mais le pire reste à venir...

Grand prix du dernier Festival de Cannes, Old Boy passait pour le chouchou du président du jury, Quentin Tarantino. Entre ultraviolence imaginative et romantisme exacerbé, entre scénario aussi alambiqué que sombre et bouffées d'humour noir libidineux (extrait du dialogue : «Je dois te couper la main parce que tu as touché la poitrine de Mido.» «Qu'est-ce tu feras de ma langue, alors ?»), cette adaptation coréenne d'un manga culte au Japon avait effectivement tout pour séduire le réalisateur asiaphile de Kill Bill. Pourtant, s'il fallait établir un parallèle entre Old Boy et le cinéma américain, il faudrait se tourner davantage vers l'univers de David Fincher, l'auteur très doué et parfois agaçant de Se7en. Park Chan-wook, auteur du déjà secouant Sympathy for Mister Vengeance, filme les bastons comme dans Fight Club, avec force éclairages blafards, et le scénario repose sur des mécanismes de manipulation dignes de The Game.

Mais jamais Fincher, ni d'ailleurs aucun autre cinéaste hollywoodien actuel, n'aurait eu le feu vert pour tourner une histoire aussi malsaine, aussi perverse da