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Libération
Interview

«Sept balles dans les jambes en 1991»

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publié le 29 septembre 2004 à 2h20

Il y a trente-sept ans, Fernando Solanas s'imposait en signant l'Heure des brasiers, fresque incantatoire sur l'émancipation des peuples par la lutte armée. Avec Saccage, son huitième film, il fustige une décennie de politique «mondialiste» qui a conduit l'Argentine à la misère : «Un crime de lèse-humanité par temps de paix», fulmine ce combattant qui, à 68 ans, n'a rien perdu de son mordant.

Comment s'est fait le film ?

En vidéo, pour 70 000 dollars. Au départ, il y a eu le choc de ces manifestations populaires de décembre 2001 qui ont amené la chute du gouvernement de Fernando de la Rúa. Un mois d'insurrection. L'air était saturé de lacrymogènes. J'ai filmé avec ma petite caméra environ un tiers de ces séquences, qui occupent quarante-cinq minutes du film. Les autres images viennent d'archives d'actualités (30 min), et le reste a été tourné à la Bétacam en 2002.

Comment avez-vous pu être aussi libre ?

Aucun des hommes «dénoncés» n'a réagi, mais il y a tellement de travail pour fonder ces dénonciations ! J'ai fait cinquante interviews et utilisé les investigations d'Alcira Argumedo, une sociologue réputée. Quant aux autorisations de tourner dans les bâtiments publics ou les banques, il aurait beau fait qu'on me les refuse : l'Argentine garde les formes d'une démocratie, même si c'est un paradoxe. Le film était tourné dans un cadre légal, avec le soutien de l'Institut du cinéma. Il a même reçu la recommandation du réseau éducatif. Il n'y a que la Cour suprême qui m'a fermé ses p