L'Egyptien Yousry Nasrallah, 52 ans, ancien collaborateur de Youssef Chahine, a réalisé Vols d'été (1988), Mercedes (1994), la Ville (1999) et un documentaire : A propos des garçons, des filles et du voile (1995). En évoquant Chatila, au Liban, le camp de l'exil des Palestiniens et des massacres de 1983, il raconte la Porte du soleil, du tournage risqué à la première projection en ces lieux, le 16 septembre.
Cercueil. «La projection à Chatila a mis de la vie chez les morts : elle a eu lieu dans le cimetière du camp ! C'était le seul endroit où pouvaient se regrouper 1 500 spectateurs. C'est aussi une forme d'hommage au Liban, où on passe constamment outre la mort. Un état d'esprit : vivre avec la mort, la contourner ou l'affronter. Il y a à Beyrouth une boîte de nuit, le BO 18, construite sur un ancien charnier palestinien, où les tables sont en forme de cercueil. Un grand miroir surmonte la piste de danse, à ciel ouvert, reflétant les noctambules vers l'extérieur, comme s'il s'agissait de fantômes. Dans le cimetière de Chatila, nous y avons installé 1 500 chaises, un grand écran et un projecteur 35 mm. C'était complet : des Libanais, des Palestiniens du camp, beaucoup d'enfants, de femmes, de vieux. Avant la projection, avec Elias Khoury, nous voulions rendre hommage à ces gens qui ont rendu le film possible : il fallait leur rendre le film. On a reçu des coquillages offerts par les enfants de Nazareth, et la projection a commencé.»
«Ça remuait, ça parlait, une vraie projecti