«Je voulais approfondir un style qui ait une "voix" définissable. Une voix qui indique la présence d'un auteur derrière la caméra. Cette voix d'auteur habiterait le film, le hanterait, le propulserait.» C'est ainsi que Ross McElwee retrace le chemin qui l'a mené, au milieu des années 70, à passer du cinéma-vérité au documentaire avec voix. Une trajectoire qui place naturellement le cinéaste américain au coeur de ce festival organisé par l'association Périphérie, autour du commentaire, de ce qu'on nomme aujourd'hui la «voix off». Un prétexte sonore à découvrir avec, outre une rétrospective consacrée à McElwee, des dizaines de films remarquables enfouis par des décennies d'un purisme documentaire vouant le commentaire aux gémonies. Des films où littérature et image jouaient la même musique. De Terre sans pain (1932, images de Luis Buñuel, texte d'Ernest Hemingway) à L'amour existe (1961, images et textes de Maurice Pialat) en passant par le Sang des bêtes (1949, images de Georges Franju, texte de Jean Painlevé).
Ecole. Ross McElwee n'est pas tout à fait un inconnu en France où son dernier film, la Splendeur des McElwee, sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes en 2003, est sorti en France au printemps, (Libération du 28 avril 2004). Mais, pour la plupart, ses films se contentaient depuis vingt-cinq ans de faire le tour des festivals de documentaires. Son école de cinéma fut, aux Etats-Unis, celle des Frederic Wiseman (Titticut Follies), Barbara Kopple (Harlan County