Berlin de notre correspondante
L'adresse est plutôt chic. A deux pas du Kudamm, les Champs-Elysées de Berlin. Sur la sonnette, quatre initiales : RWFF. Rainer Werner Fassbinder Foundation. Souriante et énergique, la présidente de la fondation, Juliane Lorenz, se présente sans façon : «J'étais la monteuse des quatorze derniers films de Fassbinder, et aussi sa dernière compagne. Nous avons vécu six ans ensemble.» Héritière du fonds Fassbinder, elle s'emploie à maintenir en vie la mémoire du plus célèbre des cinéastes allemands. Rétrospective à New York, colloque en Italie, édition de DVD à Paris, préparation des oeuvres complètes de ses écrits en Allemagne... Tout passe entre ses mains. Les méchantes langues prétendent qu'elle s'est accaparé l'oeuvre de son illustre amant. «Je ne suis pas du style à vouloir garder Fassbinder pour moi toute seule, s'écrie-t-elle en secouant sa longue queue de cheval blonde. Je veux que tout le monde connaisse son oeuvre. Rainer était un prodige. Non seulement il a fait 44 films, mais il a beaucoup écrit. Nous sommes loin d'avoir tout publié.»
Juliane Lorenz a rencontré Rainer Werner Fassbinder sur le tournage de Roulette chinoise en 1976. Elle débutait des études de sciences politiques et voulait gagner un peu d'argent. Sa mère, qui travaillait pour la Bavaria, l'a recommandée à une amie qui l'a envoyée chez Ila von Hasberg. Laquelle avait besoin d'une assistante. Juliane connaissait bien sûr la réputation sulfureuse de Fassbinder. Il avait déjà