Dans le rouge du couchant plonge dans la mélancolie des allers-retours Paris-Buenos Aires. Cette humeur d'exil révèle les histoires croisées d'une psychanalyste, d'un peintre faussaire et d'un sublime petit Corot, alors que les déchirures d'une jeunesse argentine jouent encore de leurs effets. Cozarinsky, cinéaste-écrivain, propose les «dates-clés» de sa vie de «déplacé».
"13 janvier 1939. Naissance à Buenos Aires. Le premier film que je n'ai pas vu : Ninotschka de Lubitsch, qui passait près de la maison. Ma mère m'a emmené voir comme la publicité le promettait , «Garbo rire»... Hélas, avant que l'agent soviétique goûte le champagne de la vie parisienne, j'ai éclaté en sanglots si véhéments qu'elle dut quitter la salle.
Octobre 1952. Deux films me frappent avec l'évidence de deux identités possibles du cinéma : Orphée de Cocteau et Night and the City de Jules Dassin. Mon ami Alberto Tabbia, plus âgé, m'apprend que personne ne me demande d'en choisir une pour exclure l'autre...
Septembre 1955. Chute du gouvernement Perón : possibilité de voyager à Montevideo, sur l'autre rive du Río de la Plata. Avec plusieurs camarades de lycée, je fais mon premier voyage sans parents. La censure n'existait pas en Uruguay : nous nous précipitons voir Elle n'a dansé qu'un seul été, film suédois dont une scène de nudité nous paraît d'une audace folle.
1958. Première publication : des notes sur les films de Bergman, objet d'engouement à Buenos Aires.
1959. Un papier sur un livre de Bioy Casares a