Portrait d'un architecte américain, Louis Kahn, par son fils... L'accroche vaut le détour car, sans avoir beaucoup bâti, Louis Kahn (1901-1974) jouit dans les milieux architecturaux d'une réputation culte, à l'instar d'un Mies Van der Rohe ou d'un Le Corbusier. Le film éclaire son parcours et sa carrière d'enseignant charismatique par les jugements de ses confrères (Philip Johnson, Pei, Frank Gehry...) et la visite de ses principaux édifices, dont le Salk Institute en Californie, le Kimbell Art Museum au Texas, le capitole de Dacca au Bangladesh. Mais ce documentaire est aussi un thriller psychologique, troublant et douloureux. Car le mystère de la création se complique, chez Louis Kahn, d'une énigme dont le film répercute un écho désespéré à travers la quête de son fils.
Celui-ci avait 11 ans quand son père est mort, seul, dans les toilettes de Penn Station, au retour d'un voyage au Bangladesh. Il avait apparemment barré, sur son passeport, l'adresse du domicile qu'il partageait avec sa femme, Rachel. La police mit quatre jours à identifier le cadavre. Dans les rubriques nécrologiques, le petit Nathaniel chercha en vain la mention de sa propre existence. Car Kahn n'était pas marié avec sa mère, conservant une femme et une fille légitimes. Mais encore une autre famille : trois enfants au total, de mères différentes. Quatre vies, en comptant l'architecture qui occupait le plus clair de son temps. Tout était absolument cloisonné.
Si certains le révèrent comme un génie, d'autres,