Menu
Libération
Portrait

Agnès Godard a un grain

Article réservé aux abonnés
La texture sensuelle de ses images a fait le renom de la chef opératrice.
publié le 20 octobre 2004 à 2h39

La première fois, elle avait une grosse blessure violette entre les yeux. «La caméra !», expliqua-t-elle. La deuxième fois, sur la terrasse de Libération, elle a reconnu avec émotion le lieu où elle a tourné Jacques Rivette, le veilleur, en 1990, avec Serge Daney et Claire Denis. La troisième fois, elle revenait de Cannes et glissa sur le répondeur qu'elle avait enfin trouvé le nom des cinéastes qui l'avaient marquée. Quatre, dont Godard, son homonyme. «Avec mes cheveux blancs, on voit bien que je ne suis pas sa fille...» Agnès Godard est pourtant une vraie fille du cinéma. Devenue chef opératrice sans doute aussi parce que son père («berrichon depuis 1440 au moins») filmait et photographiait sans discontinuer la famille. «Ses films prenaient de plus en plus d'importance...»

Icônes paternelles. Ce père, vétérinaire dans un village près de Bourges, est mort quand elle terminait l'Idhec. Il voulait qu'elle soit pharmacienne mais lui a légué son appareil photo. Avec son idée du cinéma : «Filmer, c'est regarder intensément une chose qui va disparaître.» Depuis, elle a rencontré d'autres icônes paternelles. Godard donc, et «sa foi dans le cinéma... comme s'il était l'auteur d'un évangile du cinéma» ; Garrel, «son indépendance et sa liberté qui lui donnent de la grandeur» ; Lars von Trier, «même s'il y a une sorte de mensonge dans sa charte, il reste visionnaire» ; David Lynch, «au départ, il m'apparaissait trop branché, mais aujourd'hui je pense qu'il a trois trains d'avance». Sur