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Libération

Debout les morts !

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Monteur pour Cantet et Marchand, Robin Campillo signe avec «les Revenants» un premier film troublant et flippant.
publié le 27 octobre 2004 à 2h44

C'est un monde qui ne sait déjà plus trop quoi faire de ses vivants, préférant les faire travailler, les abrutir, leur apprendre l'ennui vague du quotidien. Un monde vieux. Et ce même monde, le nôtre, qui est grand comme un village, deux rues, un clocher, la boulangerie Clochemerle, le café Sanzot, la mairie et la poste, ce monde quadrillé comme un plan d'épargne-logement, verrait soudain par une belle journée d'été sa grand-rue envahie. Et la foule qui la fend se composerait de silhouettes familières : ses morts. Qui ne demandent rien, qui marchent. Ils avancent, ils rentrent chez eux. Ils se sont sortis tout seuls de terre, comme pimpants, pas trop défaits, pas trop rongés, à l'image du dernier souvenir. Ils ne débordent pas exactement de chaleur humaine, ils seraient plutôt du genre à jeter un vieux froid, mais tout porte à croire qu'ils semblent entendre ce qu'on leur dit et, avec un léger déphasage, peuvent même envisager y répondre. Ils sont debout, les morts. Les vivants, qui courent aux fenêtres regarder cette Toussaint en vadrouille, les reconnaissent peu à peu : qui une mère, qui un amant... Plus troublant, il y a parmi eux ceux-là même dont on ne peut faire son deuil : des enfants.

Style zombie glaçon. Cette histoire invraisemblable, ce retour en marche des morts-vivants, n'est pas le scénario d'un énième film gore américain. Il est encore moins le synopsis d'un film français surpris en pleine célébration gaga du genre. Il surgit au centre d'un récit qui terrorise