En 1937, la guerre civile fait rage en Espagne. Prises sous les bombardements franquistes, des centaines de familles évacuent leurs enfants en les confiant à des convois qui partent, par bateaux, vers l'étranger. Ainsi, 50 000 enfants partiront, dont quelque 3 000 vers la Russie.
Atterrissage. Une séparation temporaire que l'issue du conflit va rendre définitive. Beaucoup de ces gamins exilés, rattrapés par la Seconde Guerre mondiale et l'offensive allemande contre l'Union soviétique, mourront de faim et de froid quatre ans plus tard dans des conditions atroces. Devenus adultes, ceux des survivants qui tenteront de renouer avec l'Espagne, quand le retour sera autorisé en 1956, connaîtront un rude atterrissage. Certains repartiront même vers l'URSS, d'autres émigreront à Cuba... Jaime Camino a retrouvé une vingtaine de membres de cette «diaspora». Interviews alternées et documents d'époque font revivre, sur un ton de libre confidence, leur passé étonnant. Agés de 9 à 13 ans lors de l'exil, tous ont gardé une mémoire vivante de leur enfance espagnole et des premières années en URSS.
Le retour au pays natal, plus tard, sera en revanche loin d'être triomphal : la méfiance du régime franquiste et les manoeuvres d'intimidation des services secrets qui les cuisinent sur l'URSS aggravent les décevantes retrouvailles familiales de ces revenants. Moutons noirs catalogués rouges, ils deviennent un handicap pour les leurs dans une Espagne qui crie encore famine, alors que la trop longue s