Menu
Libération
Critique

Un plat pays de guingois

Article réservé aux abonnés
Entre deux clichés authentoc, Yolande Moreau réussit un film sincère.
publié le 27 octobre 2004 à 2h44

De ses dix années Deschiens, Yolande Moreau a mis beaucoup de choses dans son premier film, réalisé avec le chef-op Gilles Porte : des rencontres, des bars où l'on se pinte jusqu'à l'aube, des tournées parfois lugubres et, surtout, une belle galerie de gueules de ch'ti, authentiques comédiens du Nord : Séverine Caneele, Jacques Bonnaffé, Olivier Gourmet, Philippe Duquesne, Jackie Berroyer... Quand la mer monte est le voyage en famille, l'oeuvre de connivence géographique d'une comédienne bruxelloise à l'aise en plat pays, ex-décalée de la troupe Deschiens, qui a donné cinq ans de sa vie pour réaliser ce film.

Quand la mer monte croise tous ces éléments à partir d'une histoire d'amour banale, la rencontre d'Irène, clown de music-hall en tournée dans les petits théâtres, MJC et maisons de retraite du Nord, avec Dries, un porteur de géants, ces grandes figures de carton mâché promenées lors des carnavals et des fêtes locales. Dries, et sa triste belle gueule de poivrot du cru, commence par suivre Irène de spectacle en spectacle, jouant le «poussin», ce spectateur naïf qui monte sur scène pour «exciter le courroux» de la comédienne masquée.

Trognes abattues. Puis Irène, mordue, finit par faire les foires aux géants, intégrant l'intimité du masque de papier en même temps que la vie de Dries. Mais elle s'en veut, poursuivie par le téléphone du remords, où appelle le mari, resté au loin, pour prendre des nouvelles, donner la couleur du carrelage qu'il installe à la maison. Et Dries n