Après deux fictions remarquées, Sunday (1997) et Signs & Wonders (2000), Jonathan Nossiter, 43 ans, retrouve sa formation d'oenologue pour un documentaire décoiffant sur le commerce du vin et de son goût autour du monde. Un pamphlet élaboré et distingué qui a secoué le Festival de Cannes en mai.
D'où vient votre amour du vin ?
J'ai grandi en Europe, mon père était journaliste, le vin faisait partie de la maison. J'ai commencé à travailler dans un restaurant à l'âge de 15 ans, à Paris, comme serveur puis en cuisine. A 23 ans, j'ai eu un diplôme de sommelier à New York. Peu à peu, j'ai construit des cartes de vins pour des restaurants américains. Mon travail de sommelier était un peu comme un travail de distributeur de films ! Je devais dénicher le talent et l'amener au public. J'ai pu défendre des choses en lesquelles je croyais, notamment au restaurant Balthazar, où j'ai réalisé quelque chose de scandaleux à l'époque : je n'ai pas construit la carte en termes de cépages c'est devenu la norme aux Etats-Unis, et ça commence en France mais de terroirs : avec uniquement des régions vinicoles françaises, des petits producteurs au sens «artisan» du terme. Proposer une carte de vins basée sur le cépage, c'est comme élaborer des films sur une star : on dit un chardonnay comme on dirait un Schwarzenegger, c'est catastrophique.
Vous considérez les vignerons comme des artistes ?
Absolument. Chaque artiste devrait rêver d'atteindre le niveau des vrais artisans du vin. Mais les vignerons