Un thriller documentaire dans le ronronnement du Palais fédéral. C'est le défi que relève le réalisateur suisse Jean-Stéphane Bron en faisant de ce moment très institutionnel qu'est le vote (on dit «la votation») d'une loi une sorte de fabliau politique. Devançant les journalistes, ses caméras sont là en amont, au printemps 2002, quand commence le travail de la commission parlementaire chargée d'élaborer la loi sur le génie génétique (Genlex). Et elles sont encore là quand les journalistes sont partis, attendant dans les couloirs du palais pour recueillir les échos d'une démocratie planquée derrière la porte de la salle 87. Un dispositif d'une année de tournage dont la dramaturgie repose sur les alliances qui se nouent au fil des débats, hors des yeux des spectateurs comme des électeurs.
A la manière du Coupable idéal ou de Soupçons, de Jean-Xavier de Lestrade, ce documentaire est tourné et monté comme une fiction. Le cinéaste en a choisi la scène : sur le pas de la porte des débats parlementaires, la salle étant interdite au public. A priori, un «non-lieu». Et cinq personnages, des élus du Parlement qui ne jouent a priori qu'un jeu politique : Maya Graf, la Verte, jeune rousse qui fait ses premières armes, Liliane Chappuis, vieille routière socialiste, Josef Kunz, honnête homme de la droite conservatrice, Johannes Randegger, vieux loup du Parti radical, et le professeur Neirynck, du Parti démocrate-chrétien. Trois hommes de droite, deux femmes de gauche. Tous les cinq, au fi