Santiago jour de colère. Si on avait dû chercher un titre français à ce premier film péruvien d'un jeune réalisateur de 26 ans, on aurait difficilement pu trouver plus approprié. Son héros est une boule de frustration, de rancoeur : Santiago est le déboussolé par excellence. Il a 23 ans mais ne connaît rien de la légèreté de ceux de son âge. Ses années de formation, ses humanités, il les a passées à se battre comme soldat, servant lors du conflit qui opposait le Pérou à l'Equateur. En 1999, alors que le traité de paix entre les deux pays a été signé, Santiago revient chez lui, à Lima. Il est déjà un vétéran.
Encombrant. Il s'attend à être accueilli en héros, là où il ne reçoit que des pierres ou, pire, de l'indifférence. Les propositions de boulot ne lui tombent pas dessus par paquets de douze et zoner en compagnie d'anciens combattants, vidant canette sur canette en se remémorant les riches heures passées en commando, ne constitue pas exactement un avenir. Sa femme, comme le reste de sa famille, n'arrive plus à le réintégrer dans ce qui est devenu le schéma de leur vie et son pedigree de soldat le transforme instamment en un corps symbolique un tantinet encombrant aux yeux de la nouvelle génération. Sa gravité, ses valeurs rappellent un passé que chacun entend enfouir sous le tapis de l'insouciance. Errance pour errance, Santiago trouve un job de taxi, une fonction anonyme qui lui fournit l'occasion de traverser sans fin la ville, d'en transporter ses habitants et, au passag