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Emissaire du Sud

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Directeur du Centre cinématographique marocain et désormais à la tête du festival de Marrakech, Nour-Eddine Saïl milite pour un «cinéma local» depuis trente ans.
publié le 10 novembre 2004 à 2h57

Quand on lui demande de se présenter, Nour-Eddine Saïl répond du tac au tac : «Mon pays, c'est la philo...» Sur sa carte de visite, il porte cependant le titre de directeur général du Centre cinématographique marocain, et il est également président délégué du festival de Marrakech. Autrement dit, le patron du cinéma de Sa Majesté Mohammed VI. Mais la philo reste l'horizon de cet ancien prof à Rabat : une manière de parler, d'écouter, de manier les idées.

Avec Daney. Son pays, c'est la philo, sa manière, c'est la parole, mais sa passion fut rapidement le cinéma. En 1973, Nour-Eddine Saïl fonde la Fédération nationale des ciné-clubs du Maroc, qu'il dirige pendant dix ans. Une décennie de militantisme cinéphile qui lui vaut pas mal de rencontres, notamment Serge Daney. «Il sortait du maoïsme des Cahiers du cinéma, et avait besoin de respirer, d'aimer les gens et un pays, ce fut le Maroc.» Avec Daney, Saïl, qui est aussi critique de cinéma (à Maghreb Information et dans Anoual, à l'extrême gauche), conçoit alors le festival de Khouribga : «Un pari fou , dans une cité minière, à 120 kilomètres de Casablanca...» Militantisme qui forge une volonté pédagogique forcenée : «Toutes les nuits, jusqu'à 3 heures, convaincre 300 personnes... La meilleure des écoles.»

En 1983, un ministre obtus, Azzedine Laraki, décide la suppression de l'enseignement philosophique au Maroc ! Nour-Eddine Saïl, déstabilisé, saute sur l'occasion et gagne définitivement sa patrie d'adoption, le cinéma : un minis