Sans vouloir dégoûter quiconque d'aller voir cette troisième suite (une préquel, en l'occurrence, se déroulant vingt ans avant le premier) donnée au blockbuster horrifique de William Friedkin qui prouva en 1973 que l'épouvante pouvait être un genre juteux, il faut bien dire que les soubresauts de sa pénible gestation sont autrement plus intéressants que le film lui-même.
Genèse. Avril 2003, Libération relate la fin de tournage heureuse dans les studios de Cinecitta de Exorcist : the Begining. A l'époque, la mise en scène est assumée par Paul Schrader. Pourtant, le film est déjà vaguement maudit, le scénariste de Taxi Driver ne faisant que récupérer un projet de John Frankenheimer, disparu avant le premier tour de manivelle. S'il n'est pas à l'origine du scénario, on comprend aisément ce qui a intéressé Schrader, ex-séminariste élevé dans les stricts principes du calvinisme, dans cette histoire de curé défroqué retrouvant la foi en affrontant le démon. Doute, culpabilité, quête spirituelle et rédemption, jamais les obsessions mystiques traversant le cinéma inégal du meilleur ami de Martin Scorsese (Américain Gigolo, Affliction, Hardcore...) n'avaient trouvé une telle transcription dans un contexte de commande «hollywoodienne».
Seulement voilà, le concept du film d'horreur janséniste, sans têtes tournantes ni jets de vomi vert, pourtant préalablement visé par la production, ne passe pas lors des projections tests. Exit Schrader et retour à Cinecitta où le tâcheron Renny Harlin (