Pour une fois, ce n'est pas un film argentin mais uruguayen qui attire l'attention sur la zone latino-américaine. Whisky décevra les amateurs de cinéma tropical, car Montevideo et la station balnéaire de Piriapolis semblent ici des morceaux dérivants d'Europe centrale. Les personnages sont deux frères juifs, Jacobo et Herman, et une femme, Marta. Celle-ci travaille dans la petite usine de fabrication de chaussettes que Jacobo tient depuis la nuit des temps dans une ambiance de morosité et de monotonie cataclysmique. Hermann fabrique des chaussettes lui aussi, mais à grande échelle au Brésil, des chaussettes colorées en fil moderne quand celles de Jacobo sont des étuis de laine marron sans glamour. Pour éviter d'avoir à afficher son célibat maussade, Jacobo demande à Marta de se faire passer, contre rétribution et le temps de la visite, pour sa femme. Commence une suite de situations déphasées où le trio tente de maintenir un semblant d'illusion et de liens.
Dans Whisky, le tirage de tronche est une ligne de conduite et un état d'esprit. Il n'y a vraiment pas de quoi rire et c'est ça qui est drôle. Comme Kaurismaki, Rebella et Stoll aiment à composer des plans statiques avec des gens qui se répondent les uns les autres avec un léger temps de retard sur le tempo normal d'une conversation. Ces trous dans la communication ont force de gags plombés et permettent d'exprimer une ironie sur les conventions familiales, amicales ou amoureuses. Convivialité fausse des retrouvailles, ent