Porto-Vecchio envoyée spéciale
La salle du centre culturel était comble dimanche soir. Plus de 300 Porto-Vecchiais, Corses et Marocains mêlés, pour assister à la deuxième avant-première insulaire du film d'Ismaël Ferroukhi, le Grand Voyage, qui sort aujourd'hui dans toute la France. La semaine précédente, le film du cinéaste marocain a fait l'ouverture du festival Arte Mare, devant 800 Bastiais. Ce dimanche, les journaux titraient sur un nouvel attentat contre une famille immigrée à Calvi. Le soir, après la projection organisée par la Cinémathèque de Corse et le cinéma Empire, les spectateurs n'ont pourtant pas parlé du racisme. Le débat s'est situé ailleurs. Sur les problèmes évoqués par le film, la dilution d'une culture, les rapports père-fils, la religion... Un lot commun aux Corses et aux Maghrébins.
Contexte de violences. Réalisé par un cinéaste d'origine marocaine vivant en France, ce film prend une dimension particulière dans un contexte insulaire marqué par des actes de violence contre la communauté maghrébine. Mais l'affluence des Porto-Vecchiais n'est pas qu'un témoignage «militant» d'antiracisme. Elle est aussi le fruit d'un travail de fond effectué depuis trois ans par la Cinémathèque de Corse, installée dans la troisième ville de l'île (10 000 habitants). Devant s'inventer une identité, la cinémathèque a en effet tissé des réseaux serrés avec l'université de Corte, mais aussi les associations culturelles et les habitants de la ville.
«Pas de communautarisme». Dans