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Libération
Critique

Le baume du tigre

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publié le 24 novembre 2004 à 3h08

Tropical Malady est divisé en deux parties égales. Dans la première, réaliste, naît et se développe une histoire d'amour entre Keng, le soldat, et Tong, le jeune campagnard. On voit ces deux gentils garçons se rencontrer puis vaquer à leur affaire, jusqu'à sa fin, tout autant dissolution que rupture nette tandis que la porte de la nuit, tout doucement, se referme sur eux. Dans la seconde partie, surnaturelle, le rideau se lève sur le fantôme d'un shaman khmer hantant le corps d'un tigre mangeur d'hommes. Un chasseur traque le fauve jusqu'à être croqué.

Ces deux parties ne faisant qu'un seul film, quel est donc leur rapport et liaison ? Quand on lui pose la question, le Thaïlandais Apichatpong Weerasethakul, use de plusieurs métaphores. Dans le dossier de presse,

il parle de «deux territoires reliés par des personnages que le spectateur peut considérer comme étant les mêmes, ou non». Ailleurs (Cahiers du cinéma de novembre), il dit que «les deux parties ne sont qu'une, mais à la façon d'une même rue qu'on arpenterait deux fois». Enfin, dans Libération du 20 mai, au moment où le film fut découvert, lors du Festival de Cannes (repartant avec le prix du jury) : «Il y a deux mondes, donc deux manières différentes de raconter, deux montages différents. Le film repose sur une philosophie de la coexistence ; si vous prenez chaque partie, indépendamment de l'autre, elles ne sont rien ; l'une existe par rapport à l'autre, elles se fécondent mutuellement.»

Signal. De fait, question fécond