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Libération

Moussa et les mômes d'Apt

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Le cinéaste sénégalais Moussa Touré a participé au deuxième Festival des cinémas d'Afrique.
publié le 24 novembre 2004 à 3h09

Le cinéaste sénégalais Moussa Touré a participé au deuxième Festival des cinémas d'Afrique.

Apt (Vaucluse) envoyé spécial

Moussa Touré, le grand Sénégalais, filme Florian, élève de 5e, dans les rues d'Apt, un matin par 6 degrés. Les enfants, ça le connaît. A Brazzaville, en 2001, un soir où il montrait son film, TGV, un gamin de 8 ans l'a branché, devant le cinéma. Kabila, au «gros ventre de crapaud», vivait au marché, enfant des rues, avec six collègues. Moussa est resté deux mois à Brazza, ça a donné Poussière de ville (52 min, 2002), un docu qui remue. Un film qu'il dit être «plus le film de ces sept salopards» ­ comme les gamins se surnomment ­ que le sien. Sa méthode ? «Ecoute, observation, respect.» Moussa a fini par ramener les gamins à leurs parents : «Je me suis démerdé pour les retrouver...»

Destins. Pendant ce tournage, il a rencontré, toujours au Congo, une fille violée pendant la guerre civile. Un deuxième docu est né, Nous sommes nombreuses (59 min, 2003), sur les femmes violées. On ne sort pas intact de ces destins : des enfants sont nés de ces viols, les mères se sont demandé si elles devaient les aimer. Finalement, ces gamins sont aussi leur espoir. «L'Afrique devient un peu lourde», reconnaît Moussa. Dans le film, il dit à l'une d'elles, pour la remonter un peu, «Vous savez, Lydie, vos tresses sont belles.» Lydie répond : «La glace est rare, je peux faire un mois sans regarder la glace.» Si ces deux films avaient été faits par un Blanc, ils auraient été diffus