Producteur d'origine hollandaise ayant fait son trou aux Etats-Unis (Révélations, Bullworth), Peter Jan Brugge est, selon ses dires, passé à la mise en scène pour tenter de rendre hommage à Alan J. Pakula qui, allez savoir pourquoi, le fascinait («quand il est mort, j'ai été confronté à un profond sentiment de vide»). Ceci expliquant sans doute cela, l'Enlèvement, son premier film en tant que réalisateur, n'a pas vocation à pulvériser les codes cinématographiques. Il n'en possède pas moins une certaine tenue, sobre, limite austère, qui pourrait contraster avec l'aspect ronflant d'un casting où le monolithe Redford partage les loges avec les monstres sacrés Helen Mirren et Willem Dafoe.
Très tape-à-l'oeil, cette distribution ne tarde pas à se mettre au service d'un récit intimiste et crépusculaire, dans lequel elle s'immerge hardiment. Américain appartenant à la classe aisée, un homme est kidnappé en sortant de chez lui par un type en quête de revanche économique et sociale. Bourgeoise plutôt raide, la femme de la victime s'efforce de faire bonne figure devant des invités venus dîner, avant de lancer les recherches. Au risque de raviver quelques blessures intimes.
Solidement construit sur la base d'un subtil décalage chronologique, l'Enlèvement détaille les faits de façon équitable entre, d'une part, le rapt proprement dit (palabres, menaces, négociations), d'autre part, l'attente de la famille, réunie en catastrophe, et l'enquête que mène sans panache un agent du FBI (bonne co