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Libération
Interview

«Faire un film, c'est comme construire un barrage»

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publié le 1er décembre 2004 à 3h16

Keren Yedaya a 31 ans. La jeune cinéaste a pourtant un profil déjà imposant : trois courts métrages remarqués (et remarquables) ont précédé Mon trésor pour lequel elle a remporté à Cannes la caméra d'or. Sans que cela entame en quoi que ce soit son engagement sur les femmes, sur l'occupation des territoires palestiniens. Rencontre.

«Je suis née à New York, où mes parents faisaient leurs études ­ aujourd'hui, mon père est photographe, et ma mère est peintre et écrivain. Ils sont rentrés en Israël quand j'avais 4 ans, j'y ai vécu jusqu'en 2000 où j'ai fait une pause à Paris d'un an et demi, des temps assez durs mais où j'ai pu tourner mon troisième court métrage, les Dessous. A Paris, je ne parlais pas français, je passais beaucoup de temps seule, je me suis mise à écrire ce qui, par la force, est devenu Or, mon trésor. A Paris, j'ai aussi rencontré mon producteur Emmanuel Agneray par l'entreprise de Virginie Despentes.

«Avant, j'avais étudié le cinéma à Tel-Aviv, entre 16 et 21 ans. Ma rencontre avec le cinéma correspond à un moment trouble dans ma vie : j'avais 14 ans, je passais mon temps à zoner, dans la rue, j'y ai vécu des choses pas très agréables, j'ai fait beaucoup de conneries, je me suis souvent sentie perdue. Au même moment, j'ai découvert l'envie de faire du cinéma. Vers 18 ans, j'ai écrit un projet de long métrage, qui avait un sujet déjà voisin de Mon trésor, mais ça manquait de maturité : j'étais manifestement trop jeune pour m'affronter à ça. Sortie de l'école d