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Libération
Interview

«Fellini venait sur mes genoux»

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Donald Sutherland se souvient du tournage de «Casanova de Fellini», qui ressort restauré.
publié le 1er décembre 2004 à 3h15

A presque 70 ans, le grand acteur dandy canadien Donald Sutherland reste toujours aussi seigneurial. Il y a trente ans, il tournait le Casanova de Fellini sous la direction du cinéaste italien, qui l'avait choisi personnellement pour incarner un séducteur «sans âme, vide de sens». Dans ce film qui «pue la mort», Sutherland arrive avec sa nonchalance aristocratique et son charme, que Fellini tourne systématiquement en dérision. L'acteur ne lui en veut pas et, au moment où le Casanova de Fellini, restauré, ressort en salles et en DVD, se souvient, depuis Bucarest où il joue dans An American Haunting du jeune cinéaste Courtney Solomon, du tournage du film préféré du maestro.

Si vous ne reteniez qu'une image du «Casanova de Fellini» ?

La tête d'une statue monstrueuse fend les eaux de la lagune vénitienne, sur les premières notes de musique de Nino Rota. Une image que je n'oublierai jamais.

Quelle était l'ambiance sur le plateau ?

Les premières semaines furent terribles. Je ne comprenais rien de ce que voulait le Maestro. Il y avait bien un scénario, mais ça ne comptait pas. Et puis, enfin, j'ai compris, sans que nous ayons à parler. La clé de Fellini, c'est qu'il vivait en permanence dans un monde en trois dimensions. Il ne pouvait pas décrire ce qu'il voulait avec des mots, ni regarder les rushes pendant le tournage, ou encore expliquer, à nous acteurs, ce qu'il voulait, car cela aurait tué la magie et rendu son propos trop plat, bi-dimensionnel. Un instinct animal régnait sur le p