Menu
Libération

Ronit Elkabetz se joue de tout

Article réservé aux abonnés
publié le 1er décembre 2004 à 3h16

Ronit Elkabetz n'est pas (seulement) l'actrice exceptionnelle, superstar en Israël (elle a joué notamment pour Gitaï, ou dans Mariage tardif de Dover Kosashvili), qui incarne la mère dans Mon trésor. C'est aussi une actrice de théâtre reconnue passant de Shakespeare à Beckett, auteur d'un one-woman show présenté il y a cinq ans en Avignon. Et cette année, avec son jeune frère Shlomi, lui aussi acteur de théâtre, un premier film passionnant, Prendre femme, qu'elle interprète aux côtés notamment de Gilbert Melki. Présenté cette semaine à Nantes au festival des Trois Continents (lire aussi page VI), le film propose, à l'instar de Mon trésor, un portrait de femme indépendante au sein d'une société israélienne patriarcale. Une femme qui quitte son mari, s'engage dans un nouvel amour, ne veut plus servir de boniche. Cette femme magnifiquement scandaleuse, juive marocaine émigrée au début des années 70 à Haïfa, est par ailleurs la mère de Ronit et Shlomi Elkabetz. Une piste biographique souterraine («on ne voulait pas le dire trop fort, on craignait que ce soit réducteur», nous expliquait Shlomi Elkabetz au festival de Thessalonique), qui éclaire plus qu'elle ne l'explique l'attention magique que le film porte à chaque trait du visage de la femme. Côté réalisation, si Prendre femme n'atteint pas le coup de force d'Or, il n'en reste pas moins une réussite mineure, oscillant entre théâtre d'avant-garde, cinéma moderne (on songe, dans ses meilleurs moments, à la patience bergmanienne)