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Libération

Les pépites et les poses du jeune Ozu

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A Los Angeles, une belle rétrospective témoigne de sa méfiance envers le montage narratif.
publié le 8 décembre 2004 à 3h23

Los Angeles correspondance

La ressortie de quatre films tardifs d'Ozu est toujours une occasion de se réjouir, ne serait-ce que pour vérifier que même ses films en couleur échappent à la rigueur (mortis ou autre) qu'on veut toujours lui épingler aux fesses. Car s'il y a une cohérence dans son cinéma, du moins dans les trente-quatre films qu'on peut encore voir, c'est bien sa résistance aux carcans, y compris aux siens. On parlera ici plus de ses films des années 30 et 40 que de sa période de maturité, non pour faire le pendant à la perversité d'Ozu, mais simplement pour annoncer une encore meilleure nouvelle : la parution imminente d'un grand nombre de films connus et moins connus du maître, réédités par Criterion, l'étalon en platine iridié en matière de DVD.

Stratégie tordue. C'est sans doute ce qui a occasionné la rétrospective tournante permise par le Japan Film Center ­ qui s'arrêtait à Los Angeles ce mois-ci, montrant vingt-trois films dans les meilleures copies possibles au Lacma et aux Film Archives de l'Ucla. Disons que si les copies à Paris sont comparables, il faudrait être fou dans sa tête pour ne pas courir voir celle de Fin d'automne (1960), avec ses rouges Agfa qui font penser à des tirages dye-transfer du photographe Eggleston. On a souvent dit qu'au début des années 30, Ozu imitait Hollywood avec des genres alors populaires au Japon. Mais Marchez joyeusement (1930) commence comme un Fritz Lang, son héros, Minoru Takada, ressemble à un jeune Jouvet et son compa